L’art est-il une reproduction de la nature ou une invention ?
Est-il un choix, un style, l’interprétation du réel, la reconstruction d’un univers personnel ?
Merci pour le lien. Plus j'en sais et moins je sais... je serais sacrément en difficulté si je devais repasser le bac... rien que l'idée me fait froid dans le dos. En me frottant régulièrement intellectuellement et expérimentalement à la question, et après avoir lu Kenneth White et Christian Bobin taillant en pièce chacun à leur manière, tous les brillants auteurs cités par ce brillant philosophe scolaire, je prends la mesure de la punition qui est infligée aux candidats dans ce carcan. On peut avec cet exercice démontrer sa capacité à faire fonctionner sa pensée... et à apprendre ses leçons... comme on le ferait en gym avec ses capacités physiques, mais rien de plus. Je cite la dernière phrase du corrigé: "C'est peut-être tout simplement, la pathétique tentative d'échapper au temps, de parler aux hommes au-delà de la tragique destruction de la mort, en quelque sorte un désir d'éternité." Rien que ça! Superbe formule rhétorique dont je ne suis même pas sûr qu'elle corresponde à une quelconque conviction de son auteur. La science ne peut définir l'art... la philosophie le peut-elle? En installant d'emblée un principe dialectique et en demandant au candidat de choisir entre l'une ou l'autre de propositions qui présentées comme opposées semblent borner l'ensemble du champs d'investigation, l'énoncé est extrêmement réducteur... et symptomatique. L'art n'aurait-il pas la particularité de s'auto-définir à chaque fois qu'il se manifeste, ce qui du coup rendrait vaine toute tentative de le définir définitivement, cette particularité elle-même ne suffisant pas à le définir? C'est la porte ouverte à toutes les fumisteries... oui et alors!... c'est la condition indispensable à l'advenue de toutes les merveilles. Le jogging, les mathématiques, la philosophie, la poésie, la peinture sont des activités essentielles car elle mettent notre être en mouvement et le font inter-agir avec son environnement, ce qui nous permet de jouir de la conscience de notre propre vie... c'est beaucoup, mais ce n'est rien de plus... il nous faut être capables de nous en contenter. Nous sommes partie intégrante de l'univers, il nous est donc totalement impossible de le percevoir de façon objective. La nature elle-même est donc une invention. La nature est une illusion qui dépend de notre subjectivité, et cette subjectivité n'est même pas collective, chaque individu a la sienne, et elle n'est même pas permanente pour un même individu. La manière de vivre dont tu parles Flo, c'est peut-être ne pas se donner l'illusion rassurante d'un absolu qui semble objectif car il est très largement partagé et validé comme tel socialement, et assumer la subjectivité d'un point de vue lui-même versatile et éphémère. C'est peut-être utiliser l'arbitraire comme catalyseur (cf. Bob Verschueren). C'est peut-être jeter un cailloux dans l'eau pour voir ce que ça fait. Je suis bien content de ne pas avoir à repasser le bac.
superbe ce feuilleté de tons, ce feuilleton d'été, ce frémissant lyrisme, ce suspens en suspend qui de haut en bas sème en nous le doux vent à nos fenêtres larges ouvertes vers la grève du rêve
merci Franck de tes réflexions tout à fait juste sur l'incapacité de l'enseignement en général et de la philosophie en particulier qui visent bien plus à enrichir notre mémoire et à stimuler nos connexions mentales qu'à nous ouvrir le coeur et l'esprit...
cela dit, j'ai moi-même très mal conduit mon sujet et vous ai,malgré moi,conduite en dehors de la réflexion et des questions qu'a demi-mots suggérait mon titre pour ces photos...
tu arrives par je ne sais quel chemin à rétablir un lien entre texte et image,et je suis obligée de m'incliner devant ton sens de l'équilibre... :-)
Ma réflexion portait finalement sur le sens,l'impact,la réelle nécessité,la superposition ,la suggestion ou l'orientation donnée par l'acte "artistique" de l'homme dans la nature...autant de questions qui me hantent en ce moment...
..et qui,pour rebondir sur les interrogations de manu, me font entrevoir le retour de Nils Udo dans ses ateliers comme sa possible réponse personnelle à une des questions que forcément tôt ou tard tout artiste dans la nature peut se poser à sa façon...
Le besoin de faire,d'intervenir et de créer en toute liberté est-il compatible avec le respect de la nature...elle-même oeuvre d'art...et n'impose-t-il pas des limites?
Je viens de retrouver cet article dans les archives, Flo...et j'aime beaucoup tes photos à contre-jour et l'idée de chercher à dire ce qu'est l'Art (mais pas à le démontrer puisque le Bac, comme le dit Franck, n'est plus d'actualité pour nous)...
A mon avis, on confond souvent l'Art avec l'art "reconnu", celui qui est dans les livres d'histoire, celui qui a une valeur marchande, celui qui est fait par quelqu'un de célèbre...et cela reflète bien la mentalité actuelle : tout est jugé par rapport à l'argent ou à la renommée...
Mais, moi, je crois que l'art est tout autre chose: c'est la recherche du Beau et du Vrai, tout simplement...et il y a de l'art dès lors que cette recherche est créative, qu'elle n'est pas une copie et qu'elle est "sincère" (c'est-à-dire en adéquation avec ce que la personne ressent vraiment).
L'enfant de trois ans qui fait son premier "bonhomme" sur une feuille de papier qui traîne, c'est de l'art...parce qu'il exprime vraiment ce qu'il a en lui...la ménagère qui fait une "déco" créative sur son gâteau, c'est de l'art aussi...si elle y met son talent et son coeur...
Mais celui qui "copie" le style de Monet ou de Picasso et qui ne pense qu'à vendre son oeuvre le plus cher possible ou à se faire connaître...ce n'est pas un artiste, à mon sens. Et quand bien même il aurait une technique parfaite, s'il n'y a pas mis le plus profond de lui-même, cela ne vaut rien...
C'est la sincérité qui crée le "style" propre à chacun (la maturité aussi).
Et puis il y a cette faculté propre aux artistes de se laisser "traverser" par quelque chose qui les dépasse et qui cherche à s'exprimer "au travers" d'eux...tout artiste, à mon sens, est un "medium" qui s'ignore, un être doué d'une sensibilité plus fine que la moyenne, un canal par lequel passe les énergies de l'invisible...et un peu de cet "indéfinissable" qui nous est indispensable pour vivre.
Bref, pour résumer, l'artiste ce serait celui qui serait capable de "capter" l'Invisible et de lui donner une Forme, afin de la transmettre aux autres. Une forme de Beauté, évidemment...ou tout du moins une forme de vérité.
L'artiste est celui qui laisse passer entre ses mains le sable de la Vie...
Bon, je ne sais pas si ma dissertation est bonne, mais je peux t'assurer qu'elle est "sincère" ! :-)
Mais par rapport à tes questions concernant la légitimité d'intervenir dans la nature...je n'ai pas de réponse...
Je crois que c'est à chacun de juger de l'impact de ses actes, sachant que rien n'est jamais parfait...et que le "respect total" n'existe pas. Le respect ne consiste pas à ne rien abîmer (sinon nous ne pourrions même plus marcher sur l'herbe), mais à être conscient de ce qu'on est en train de faire et à connaître les limites avec lesquelles on se sent "en accord" intérieurement.
je répondrai peut-être simplement: une manière de vivre...
RépondreSupprimerAprès avoir exploré
RépondreSupprimerla mer et la terre
Flo se tourne vers les airs
°o
°.
o
°o
°.
°o
.°
°
trop jolies ces petites bulles qui remontent à la surface :-)
RépondreSupprimerMerci pour le lien.
RépondreSupprimerPlus j'en sais et moins je sais... je serais sacrément en difficulté si je devais repasser le bac... rien que l'idée me fait froid dans le dos.
En me frottant régulièrement intellectuellement et expérimentalement à la question, et après avoir lu Kenneth White et Christian Bobin taillant en pièce chacun à leur manière, tous les brillants auteurs cités par ce brillant philosophe scolaire, je prends la mesure de la punition qui est infligée aux candidats dans ce carcan.
On peut avec cet exercice démontrer sa capacité à faire fonctionner sa pensée... et à apprendre ses leçons... comme on le ferait en gym avec ses capacités physiques, mais rien de plus.
Je cite la dernière phrase du corrigé:
"C'est peut-être tout simplement, la pathétique tentative d'échapper au temps, de parler aux hommes au-delà de la tragique destruction de la mort, en quelque sorte un désir d'éternité."
Rien que ça!
Superbe formule rhétorique dont je ne suis même pas sûr qu'elle corresponde à une quelconque conviction de son auteur.
La science ne peut définir l'art... la philosophie le peut-elle?
En installant d'emblée un principe dialectique et en demandant au candidat de choisir entre l'une ou l'autre de propositions qui présentées comme opposées semblent borner l'ensemble du champs d'investigation, l'énoncé est extrêmement réducteur... et symptomatique.
L'art n'aurait-il pas la particularité de s'auto-définir à chaque fois qu'il se manifeste, ce qui du coup rendrait vaine toute tentative de le définir définitivement, cette particularité elle-même ne suffisant pas à le définir?
C'est la porte ouverte à toutes les fumisteries... oui et alors!... c'est la condition indispensable à l'advenue de toutes les merveilles.
Le jogging, les mathématiques, la philosophie, la poésie, la peinture sont des activités essentielles car elle mettent notre être en mouvement et le font inter-agir avec son environnement, ce qui nous permet de jouir de la conscience de notre propre vie... c'est beaucoup, mais ce n'est rien de plus... il nous faut être capables de nous en contenter.
Nous sommes partie intégrante de l'univers, il nous est donc totalement impossible de le percevoir de façon objective. La nature elle-même est donc une invention. La nature est une illusion qui dépend de notre subjectivité, et cette subjectivité n'est même pas collective, chaque individu a la sienne, et elle n'est même pas permanente pour un même individu.
La manière de vivre dont tu parles Flo, c'est peut-être ne pas se donner l'illusion rassurante d'un absolu qui semble objectif car il est très largement partagé et validé comme tel socialement, et assumer la subjectivité d'un point de vue lui-même versatile et éphémère. C'est peut-être utiliser l'arbitraire comme catalyseur (cf. Bob Verschueren). C'est peut-être jeter un cailloux dans l'eau pour voir ce que ça fait.
Je suis bien content de ne pas avoir à repasser le bac.
"C'est peut-être jeter un cailloux dans l'eau pour voir ce que ça fait."
RépondreSupprimerOu du sable en l'air pour faire le lien et boucler la boucle avec tes images.
Question subsidiaire:
RépondreSupprimerL'artiste est-il celui qui lance ou celle qui fait la photo?
;oD ;oD
superbe ce feuilleté de tons, ce feuilleton d'été,
RépondreSupprimerce frémissant lyrisme, ce suspens en suspend
qui de haut en bas sème en nous le doux vent
à nos fenêtres larges ouvertes vers la grève du rêve
merci Franck de tes réflexions tout à fait juste sur l'incapacité de l'enseignement en général et de la philosophie en particulier qui visent bien plus à enrichir notre mémoire et à stimuler nos connexions mentales qu'à nous ouvrir le coeur et l'esprit...
RépondreSupprimercela dit, j'ai moi-même très mal conduit mon sujet et vous ai,malgré moi,conduite en dehors de la réflexion et des questions qu'a demi-mots suggérait mon titre pour ces photos...
tu arrives par je ne sais quel chemin à rétablir un lien entre texte et image,et je suis obligée de m'incliner devant ton sens de l'équilibre... :-)
Ma réflexion portait finalement sur le sens,l'impact,la réelle nécessité,la superposition ,la suggestion ou l'orientation donnée par l'acte "artistique" de l'homme dans la nature...autant de questions qui me hantent en ce moment...
..et qui,pour rebondir sur les interrogations de manu, me font entrevoir le retour de Nils Udo dans ses ateliers comme sa possible réponse personnelle à une des questions que forcément tôt ou tard tout artiste dans la nature peut se poser à sa façon...
Le besoin de faire,d'intervenir et de créer en toute liberté est-il compatible avec le respect de la nature...elle-même oeuvre d'art...et n'impose-t-il pas des limites?
.
..
...
:-)
Je viens de retrouver cet article dans les archives, Flo...et j'aime beaucoup tes photos à contre-jour et l'idée de chercher à dire ce qu'est l'Art (mais pas à le démontrer puisque le Bac, comme le dit Franck, n'est plus d'actualité pour nous)...
RépondreSupprimerA mon avis, on confond souvent l'Art avec l'art "reconnu", celui qui est dans les livres d'histoire, celui qui a une valeur marchande, celui qui est fait par quelqu'un de célèbre...et cela reflète bien la mentalité actuelle : tout est jugé par rapport à l'argent ou à la renommée...
Mais, moi, je crois que l'art est tout autre chose: c'est la recherche du Beau et du Vrai, tout simplement...et il y a de l'art dès lors que cette recherche est créative, qu'elle n'est pas une copie et qu'elle est "sincère" (c'est-à-dire en adéquation avec ce que la personne ressent vraiment).
L'enfant de trois ans qui fait son premier "bonhomme" sur une feuille de papier qui traîne, c'est de l'art...parce qu'il exprime vraiment ce qu'il a en lui...la ménagère qui fait une "déco" créative sur son gâteau, c'est de l'art aussi...si elle y met son talent et son coeur...
Mais celui qui "copie" le style de Monet ou de Picasso et qui ne pense qu'à vendre son oeuvre le plus cher possible ou à se faire connaître...ce n'est pas un artiste, à mon sens. Et quand bien même il aurait une technique parfaite, s'il n'y a pas mis le plus profond de lui-même, cela ne vaut rien...
C'est la sincérité qui crée le "style" propre à chacun (la maturité aussi).
Et puis il y a cette faculté propre aux artistes de se laisser "traverser" par quelque chose qui les dépasse et qui cherche à s'exprimer "au travers" d'eux...tout artiste, à mon sens, est un "medium" qui s'ignore, un être doué d'une sensibilité plus fine que la moyenne, un canal par lequel passe les énergies de l'invisible...et un peu de cet "indéfinissable" qui nous est indispensable pour vivre.
Bref, pour résumer, l'artiste ce serait celui qui serait capable de "capter" l'Invisible et de lui donner une Forme, afin de la transmettre aux autres. Une forme de Beauté, évidemment...ou tout du moins une forme de vérité.
L'artiste est celui qui laisse passer entre ses mains le sable de la Vie...
Bon, je ne sais pas si ma dissertation est bonne, mais je peux t'assurer qu'elle est "sincère" ! :-)
Bises à toi !
Mais par rapport à tes questions concernant la légitimité d'intervenir dans la nature...je n'ai pas de réponse...
RépondreSupprimerJe crois que c'est à chacun de juger de l'impact de ses actes, sachant que rien n'est jamais parfait...et que le "respect total" n'existe pas.
Le respect ne consiste pas à ne rien abîmer (sinon nous ne pourrions même plus marcher sur l'herbe), mais à être conscient de ce qu'on est en train de faire et à connaître les limites avec lesquelles on se sent "en accord" intérieurement.