lundi 23 janvier 2012

lundi 16 janvier 2012

...bois




"Aux petites filles on apprend que Dieu existe
et qu'il a la couleur de leurs yeux.
Alors elles le croient.
Alors elles attendent.
En attendant,
pour passer le temps de vivre,
par impatience ou pour faire comme leur mère,
elles se marient.
Dès ce jour Dieu s'en va.
Il déserte la maison,
comme un qui ne trouve plus le repas ou le silence à son goût.
Il s'en va pour toujours.
Il laisse en s'éloignant l'attente qu'elles ont de lui.
C'est une attente immense.
C'est une attente à quoi personne ne sait répondre.
On touche à la démence.
Dans l'attente amoureuse des jeunes femmes,
dans cette passion purifiée par l'absence,
on touche à quelque chose comme la folie.
Aucun homme ne s'aventure dans ces terres désolées de l'amour.
Aucun homme ne sait répondre à la parole silencieuse.
Les hommes retiennent toujours quelque chose auprès d'eux.
Jusque dans les ruines,
ils maintiennent une certitude
- comme l'enfant garde une bille dans le fond de ses poches.
Quand ils attendent,
c'est quelque chose de précis qu'ils attendent.
Quand ils perdent,
c'est une seule chose qu'ils perdent.
Les femmes espèrent tout,
et puisque tout n'est pas possible
elles le perdent en une seule fois -
comme une manière de jouir de l'amour dans son manque.
Elles continuent d'attendre ce qu'elles ne croient plus.
C'est plus fort qu'elles.
C'est bien plus fort que toute pensée.
C'est dans cette nuit qu'apparaissent les enfants..." 
 
                                 Christian Bobin - La part manquante
 
 
 
 
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mercredi 11 janvier 2012

lundi 9 janvier 2012

...filtre magique











Voir
  la main du soleil
ruisseler à travers bois 
Boire
un filet de lumière
au bout de ses doigts
glisser
 sur les courbes
d'une feuille
d'une branche
d'un instant





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